La vilaine aventure du jabot bouché chez une poule

Un peu avant les fêtes de fin d’année, Léontine au petit matin traînait un jabot énorme, moyennement mou.

Jabot bouché. Léontine 01 2018

Ayant eu déjà dans mes expériences “poulesques” des problèmes de capillarose, j’ai traité (Capizol)  mais ça n’est pas passé. Donc le problème venait sans doute d’ailleurs.
Après quelques jours d’essais divers pour essayer de déboucher ce jabot, massages, nourriture agrémentée d’huile d’olive pour faciliter les absorptions d’aliments, faire vomir la poule, rien n’y a fait.
Je sais que quand le jabot a un souci l’état de la poule décline très rapidement, elle dépérit et meurt de toutes façons si rien n’est fait. Une décision était à prendre…..

  1.  Jouer les “Ponce Pilate” et la laisser mourir en s’étouffant dans ses régurgitations (une poule n’a pas de réflexe de vomissement).
  2. La tuer, la plumer, la manger….  Pas le truc de la maison. Si c’était le cas d’ailleurs, ce site n’existerait pas. Ensuite ne sachant pas vraiment si elle est infectée ou pas, un peu aléatoire je trouve. Et pour finir je garde un souvenir horrible de la dernière fois, lointaine, où j’ai mangé (ou plutôt essayé) un animal que j’avais bien connu. C’est pas du tout mon fonctionnement et tant pis si çà dérange les ultra-pragmatiques.
    Ici même les araignées sont délicatement sorties de la maison mais pas écrasées, alors Léontine….!!!!!!!
  3. La faire soigner….   Là aussi beaucoup de questionnements :

Trouver un vétérinaire capable de soigner les oiseaux, et là, bonne chance. Là aussi mon expérience m’a permis de constater que ce n’est pas aussi simple qu’on le croit.
Entre ceux qui pensent que çà ne rapporte pas assez (on ne mettra sans doute jamais 800€ pour opérer une poule contrairement à d’autres animaux) et ceux qui n’y connaissent rien, bonjour l’aventure !!!

Ensuite, ça va me coûter “un bras”….. c’est pas le moment !!! (s’il y en a un pour ce qui me concerne).

Et est-ce que ça vaut la peine..., pour une poule ? Etc…. toutes les questions formatées dans ma petite tête qui vit dans notre société où il existe une hiérarchisation dans la souffrance animale. On soigne son chien (et encore, pas tout le monde !) puis son chat. Mais alors une poule, animal qui a surtout une vocation productive, quelle idée !!!!
Réflexions à mener rapidement car pendant ce temps-là rien ne s’arrange côté jabot.
Une aide à la prise de décision : ce n’est pas la première fois que depuis toutes ces années  je perds des poules à cause de ça. J’ai besoin de comprendre, enfin, et de savoir si ça peut être traité en préventif. Pour ça, la seule solution c’est de voir un vétérinaire.

Bon j’en cherche un, on verra bien. Celui du coin où je vais pour mes bestioles à poils, c’est même pas la peine, la question lui avait déjà été posée il y a longtemps : il fait partie du 1er groupe cité plus haut.
Allez….internet devrait peut-être m’aider. Je repère ceux qui ne sont pas trop loin de ma campagne.
Je tente un appel : “Non on ne fait pas les oiseaux !!!

Un autre appel : “je vais me renseigner”….espoir.
Retour “c’est possible, mais qu’est-ce qu’elle a ?” je réponds.
“je vais me renseigner”
Retour, “c’est possible je confirme, vous pouvez nous l’amener quand ?” oulalala….tout va vite là d’un coup. Je tente une question subsidiaire presqu’en chuchotant…. “combien ca va me coûter ?”….
réponse “je vais me renseigner”…..angoisse.
Retour avec un devis approximatif. C’est moins horrible que ce que j’imaginais, même si avec ce prix là j’aurais pu me payer la jolie paire de “Doc Martens” en soldes dont je rêve depuis pas mal d’années. De toutes façons on s’en fiche je ne les aurai pas, mais Léontine gardera sans doute sa crête !!! A chacune sa “Punk attitude” !!).

Autre question timide visant à rassurer mes soucis existentiels (des fois, être secrétaire vétérinaire (et pas que vétérinaire d’ailleurs) c’est un sacerdoce) :
“Dites moi que vous soignez des poules parfois,…… ou des animaux bizarres (çà Léontine aurait pas aimé ) ? …rassurez moi…..je ne suis pas trop dingue ??”
La dame est gentille, sur ce coup là elle ne me dit pas “je vais me renseigner” mais me rassure : ils ont soigné une oie il y a quelques temps, une poule aussi pour un problème d’œuf brisé dans le cloaque (encore un truc sympa dans le monde des poules), des hamsters, un serpent, et même récemment un tigre du zoo du secteur…
Bon ça va, je me sens vaguement normale.
Rendez-vous est pris, j’amène mon tas de plumes dans l’après-midi.

En route pour le vétérinaire

Après un petit trajet nous voilà arrivées. Je tourne la cage pour qu’on ne repère pas trop l’emplumée qui est dedans (étrangement docile pour qui connait Léontine, et silencieuse). J’ai encore un peu honte j’avoue.
Le Docteur S. arrive et l’examine.
Jabot bouché oui, on confirme, félicitations sur la gentillesse (…!!!)  et la beauté du spécimen, même s’ il la trouve maigre. Ben oui…avec un jabot bouché les aliments ne passent plus dans le corps donc normal. La poule meurt de faim et de ses régurgitations, d’où le fait de ne pas laisser traîner la situation.

Bon il est décidé que ma cocotte restera là-bas la nuit car il a des urgences à traiter, et sera “vidangée” (c’est le mot…) demain matin. Si ce n’est pas possible il faudra ouvrir le jabot et le vider…
Je repose bravement ma question subsidiaire : je suis rassurée il n’y presque aucun écart de tarif, et la nuit à l’hôtel est gratuite.
Je rentre chez moi en me disant que je vais quand même ENFIN savoir si il y a une autre raison que le fait de se goinfrer pour que les jabots se bouchent parfois.
Ça pourra m’éviter un problème récurent, même s’il reste minoritaire.

Le lendemain je téléphone et on me dit qu’elle a du être opérée car la seule vidange était insuffisante.
Je la récupère le soir en rentrant du travail, encore un peu “molle” des suites de l’intervention. Le vétérinaire me montre les photos de ce qu’il a enlevé…un énorme amas d’herbes, plus gros que sa main,  qui se sont mises en paquet, des graines mélangées à tout çà, le tout faisant un magnifique bouchon.
Je me dis qu’au moins Léontine mange sainement….(je positive).

Par contre il se peut qu’elle soit infectée par une bactérie, c’est fréquent dans ces cas là, et qui, si elle n’est pas traitée conduira à une récidive et à une probable infection des copines du poulailler. Cette bactérie diminuerait fortement les fonctions digestives des volailles infectées.

Donc analyses, et si c’est positif, traitement spécifique pour Léontine et préventif pour les autres minis dindons.

Je tiens peut-être mon explication…?

On me rend ma poule avec un poitrail “prêt à cuire”, complètement plumée avec un air de vautour raté, c’est dire !

Pendant une semaine, Léontine est bichonnée. Voir le chapitre : Jabot bouché dans les “soins particuliers”.
Je l’ai mise au chaud à la maison dans une cage, avec sorties sous haute surveillance “anti-fientes” plusieurs petits temps dans la journée pour se dégourdir les pattes.
En fait, entre son poitrail dégarni et le froid dehors, les repas spéciaux pendant quelques jours, les antibiotiques oraux et ceux par piqûres, on y trouve notre compte toutes les deux.
Ça a été l’occasion de bons moments, drôles et tendres. Entre sa découverte de la marche sur carrelage les pattes levées comme pour une balade en raquettes, et puis cette drôle d’herbe rouge que les humains appellent “tapis” qui ne se mange pas et donc ne sert à rien, cette envie aussi d’en profiter pour se faire cajoler, grattouiller alors que d’habitude ce n’est pas du tout son genre.
Une poule par définition c’est extrêmement curieux, alors dans un nouvel environnement où elle se sent en sécurité….je ne vous dis pas !!!!

On se dégourdit les pattes un moment.  Jour 2

Le jour 7 après l’intervention, le premier traitement cachets et piqûres est fini.  J’ai donc redescendu mon tas de plumes dans le petit poulailler “hôpital” pour qu’elle ne soit pas loin de ses copines, et reprenne une “vraie” vie de poule tout en étant quand même encore au régime.
Elle a bon appétit même si son jabot semble avoir du mal à fonctionner complètement je trouve.
J’ai vu aussi tout à l’heure que les tubes de ses plumes étaient ressortis, donc ça repoussera bientôt.

Je pense que le retour avec les autres ne sera pas encore cette semaine. Elle est toujours au régime “bouillies” et l’herbe doit être encore évitée.
En plus j’ai eu les résultats d’analyses aujourd’hui, il sont positifs à la fameuse bactérie dont on parlait, ce qui explique sans doute la difficulté du jabot à fonctionner correctement.
Donc il va falloir agir dès lundi où je dois reprendre contact avec le vétérinaire pour avoir un traitement efficace pour elle, et préventif pour ses copines. Après seulement, on pourra dire qu’elle est sortie d’affaire.
Je mise sur le fait que Léontine est une coriace.