Un précieux cadeau

Un précieux cadeau

De l’habitude à la banalisation :

Quand tout ou presque  est à portée de mains, faire ses courses est banal, acheter des aliments l’est aussi. Une salade ? On ramènera la salade. Des pâtes ? On ramènera les pâtes. Des œufs ? Les œufs seront aussi du voyage et tout ça quelle que soit la saison.

Les questions quant à la fabrication de tous ces aliments ne nous viennent pas, ou peu à l’esprit. Il a fallu des scandales sanitaires et/ou liés aux conditions d’élevage et d’abattage des animaux voués à la production pour qu’une conscience apparaisse, à peine à l’état d’ébauche pour beaucoup encore.
Acheter du vivant, (animal ou végétal) ne nous questionne pas plus sur sa fabrication et sa disponibilité en grande quantité que d’acheter de la lessive.

Visites de fermes  autrefois normalité  et devenues aujourd’hui pédagogiques, salon de l’agriculture et autres lieux pouvant montrer aux petits comme aux grands que l’aliment est issu d’un travail humain ou animal, et quoi qu’il en soit de la nature, sont devenus vecteurs d’apprentissages.
Les poissons ne sont pas carrés, le pain ne cuit pas sous un papier, les fruits et  légumes ne poussent pas en une journée ni en toutes saisons, le lait est fabriqué par des vaches qui ont dû vêler pour ça sinon pas de lait, les œufs ne se trouvent pas par boite de 30 sans qu’il y ait des explications à cela et pas forcément réjouissantes.

Ces banalisations du quotidien nous ont amenés à penser que tous ces produits sont exempts des cycles naturels.
Pourtant, seul l’humain en a décidé ainsi.

Etre juste un peu plus en lien avec la nature, l’observer et si on a la chance de le faire : produire soi-même une partie de son alimentation, obligent à constater que si on laisse la nature suivre son cours, et bien elle prend vraiment son temps en respectant des rythmes saisonniers et biologiques.
Ainsi nos cocottes pondront un certain temps puis elles arrêteront. Ainsi va la vie.

L’hiver aussi, la ponte baisse fortement, voire s’arrête selon l’âge des poules, les races, etc.
C’est complètement normal et il est normal de le respecter. Parfois, lors d’une visite au poulailler on trouvera un œuf qu’on n’attendait pas et qui, pour le coup, sera encore plus apprécié qu’aux autres saisons.
La ponte dépendant essentiellement de la durée de luminosité (au moins 10h par jour) qui est très courte en hiver, cette saison sera celle où nos cocottes se reposeront, ce qui tombe plutôt bien car leur organisme est déjà sollicité pour lutter contre le froid.
L’énergie mise dans la fabrication d’un œuf est très bien expliquée dans la vidéo de ce lien. Tout y est, fabrication de l’œuf, cycles, etc.

Comme déjà expliqué dans le chapitre l’hiver, il conviendra pour les aider à passer ce cap de faire 2 ou 3 petites choses pour nos poulettes. Le printemps revenu elles reprendront leur rythme de ponte.

Mais si pondre est naturel pour nos boules de plumes,  cet acte n’est pas sans danger pour elles.

Elles risquent quotidiennement leur vie en le faisant. 

Un œuf mal formé, mou, trop gros, des problèmes de coquilles, sont autant de dangers au moment de la ponte.

En avoir conscience rend ce trésor quotidien encore plus précieux.

Le plus impressionnant est sans doute le prolapsus cloacal. Tout peut aller très vite.
En pondant le cloaque expulse l’œuf puis revient immédiatement à sa place. Dans le cas d’un prolapsus, il reste sorti.
Si on le voit à temps, il est parfois possible de le rentrer en s’y prenant avec délicatesse, Mais il semble qu’il reste une fragilité pour la poule concernée. Nombre d’articles sur le sujet expliquent ce qu’il « faut » faire dans ce cas. A ce jour je n’ai jamais pratiqué cette manipulation et ne peux donc commenter.
Par contre j’ai vu une poule avec les intestins sortis tant le prolapsus était important.  j’éviterai de décrire la vision d’horreur en trouvant cette pauvre malheureuse, la culpabilité de n’avoir pas été là face à sa souffrance, et inutile aussi de dire que l’issue est fatale. Son dernier œuf était cependant dans le nid…

La ponte interne est aussi un vrai problème :

Elle est souvent liée  à un œuf trop gros qui ne peut être expulsé (parfois aussi à cause de tumeurs ou infection de l’oviducte). S’en suivront un arrêt de ponte, une prostration et des écoulements nauséabonds du cloaque. Pour se débarrasser de cet œuf, la poule va forcer et mourra d’épuisement si ce n’est d’hémorragie interne. Certains interviennent manuellement pour aider l’oiseau, qui souffre énormément, à sortir cet œuf, il suffit de chercher des vidéos le montrant, (« œuf coincé poule ») pour trouver certains gestes pouvant être aidants. Quoiqu’il en soit, il faudra donner un traitement ciblé à la poule pour éviter les infections liées à cet œuf « coincé ».

L’œuf mou, en dehors de son aspect très curieux,  peut arriver assez fréquemment en tout début de ponte le système reproducteur de nos cocottes n’étant pas complètement mature. Si cela se produit chez une poule adulte, c’est le signe d’un manque de minéraux (calcium surtout). Comme il n’a pas de coquille lisse il est difficilement expulsé, parfois sur 2 jours et la poule peut en mourir : épuisement, crise cardiaque…

L’œuf avec coquille abîmée  peut, quant à lui, provoquer des éraflures à son passage et donc des saignements avec risques d’infection, même une hémorragie.

Les œufs déformés peuvent eux, être liés à trop de calcium ou alors à une poule âgée qui pond de moins en moins et leur ponte n’est pas toujours facile en fonction de la déformation.

L’œuf n’est donc pas si anodin qu’il en a l’air !!!

Cela dit, certaines de ces difficultés sont peu fréquentes  et peuvent, sauf pathologie ou hérédité particulières, être souvent évitées avec de bons régimes alimentaires, des apports réguliers de vitamines, de calcium, une bonne hygiène du poulailler, un parcours permettant à nos poulettes de se muscler en cherchant leur nourriture.
Là,  elles pondront normalement, à leur rythme, et nous offriront cet œuf merveilleusement délicieux, qui est leur précieux cadeau !!!

Au centre le 1er oeuf de pacotille
Au centre le 1er œuf de Pacotille 😊

 

 

Le chant du coq

Le chant du coq

Un des charmes de la vie rurale, s’il n’est pas situé juste sous votre fenêtre de chambre, c’est le chant du coq. Et puis avec ses magnifiques couleurs, le coq est un plaisir à contempler, fier, empli de prestance, se promenant dans le petit poulailler.

Certains préconisent des élastiques autour du cou du coq pour l’empêcher de chanter…..pas de ça chez moi!! Si on ne supporte pas le chant du coq : on n’a pas de coq. C’est mon point de vue.
Une possibilité alternative et assez efficace réside dans le fait de fermer le poulailler dont on aura pour la nuit calfeutré toutes les entrées de lumière. Si le coq chante aux tous premiers rayons solaires, ne les voyant pas : il se taira. Il chantera à l’ouverture du poulailler dont vous aurez choisi l’heure.

Pour les voisins, alors là… il faut voir où on vit. Certaines mairies ont même pris des arrêtés sur le sujet…
Le mieux est d’aller voir vos voisins avant. On peut être surpris par la réaction positive de certains.

Il y a ce que moi j’appelle, et là encore je parle pour moi,  les « vraies » campagnes et les « fausses ». Les « vraies » à mes yeux ce sont celles d’autrefois, qui ont toujours connu cette vie où les hommes cohabitent avec les animaux depuis des siècles. Les vaches meuglent et font des bouses, il y a des mouches, les moutons bêlent, etc, et les coqs chantent. C’est ainsi. On en prend les avantages et les inconvénients,  et d’ailleurs ça ne pose question à personne.
Pour les « fausses » campagnes, je pense aux lieux habités par des gens en « mal de nature » mais pas des « nuisances » (pourtant bien naturelles) pouvant découler de celle-ci.
Les avantages, rien que les avantages. A chacun sa philosophie…..
J’ai la chance de vivre dans la « vraie » campagne, bien rurale, celle où on croise encore des taureaux dans les prés avec les vaches. Celle avec plein d’avantages et plein d’inconvénients, mais qu’on aime parce qu’elle n’est pas aseptisée.

Mon oreille a pu s’habituer sans trop de difficultés à ce réveil matin naturel, le coq de mon voisin ayant une forte tendance à démarrer ses vocalises très tôt le matin. Et puis après avoir passé des années dans une grande ville, au milieu des klaxons, des bruits d’auto-radios, des chahuts, bruits de camions poubelles et en tous genre, etc….franchement  le chant du coq est plutôt sympathique.

L’arrivée de Pollen et son affirmation sexuelle nous offrent des concerts, des duos où chacun joue sa partition…. Une chance, Pollen, en bon Brahma a un chant assez grave, genre Baryton, de fait moins stressant.  Mais bon, il y a quand même des fois où on a envie de leur demander  de communiquer un tout petit peu plus tard.

Donc quand on dort la fenêtre ouverte l’été, on peut entendre des chants venus d’ici et d’ailleurs, et oui, ils se répondent tous. J’en ai entendu 4 qui se répondaient d’un hameau à l’autre, ils ont l’oreille fine.
– Cocooooricoooooo
– Cooooocoriiiicoriiiicoooooooo
– coooooocoooooocoooo
– Cooooooocooooo

(traduction :

  • coucou les copains!  ici c’est chez moi ! ♪
  • oui ben moi aussi je suis là et chez moi on est bien, hein les filles ! ♪ ♫
  • moi aussi alors tu es prévenu, fais gaffe à ta crête  ♫
  • Eh les cocottes, chez moi c’est pas mal aussi  ♫ ♪ ♫ )

Et pendant ce temps-là…..tic tac tic tac…..

Mais voilà…le chant est un des attributs du coq. N’oublions jamais que pépère est un oiseau, autrefois sauvage,  et il garde de ce dernier tous les comportements types.
Il montre sa puissance et sa force, il veut séduire !!!! Alors hop, aux premières lueurs matinales, encore peu visibles pour l’œil humain, il essaie de faire comprendre à d’éventuels concurrents, qu’il est là, sur SON territoire, et a bien l’intention d’y rester. Si son petit harem se montre émoustillé par cette belle prestation, bah…..c’est un bonus.
Et des petites piqûres de rappel pendant la journée, plus ou moins longues et fortes, permettent de maintenir le message.
Un coq qui serait malade aurait un chant moins sonore, l’information serait reçue comme telle par les poules qui de fait ne voudraient plus qu’il les coche (c’est le nom donné à l’acte de reproduction du coq sur la poule).

Si on observe notre mélomane au moment du chant, il est fier, dressé sur ses ergots, ça ne rigole pas. Un coq vigoureux a un chant puissant, il est donc en bonne santé (c’est aussi un signe pour nous de son état général) et le montre ainsi aux éventuelles intéressées…. »si je suis fort c’est que je suis bien ici, la nourriture est abondante, donc avec moi, vous aurez tout ce qu’il vous faut ». Et bien sûr, il y en aura toujours une pour céder à son chant séducteur et dandiner nonchalamment du croupion devant ses cordes vocales.

Tant qu’à séduire, il faut aussi compter sur l’apparence ! Alors nos beaux gallinacés se parent d’attributs colorés, de barbillons rouge vif, de crêtes plus ou moins grosses selon les races, et là je dois avouer que certains sont vraiment magnifiques.

Br 2hmHerminé
Mon coq brahma herminé 1999
Nino, mon coq Brahma perdrix Maillé Doré en 2000, adulte.

Chanter pour se reproduire

S’il arrive à ses fins, et il y arrivera, notre Casanova à plumes cochera ses poules. Il y a là aussi des favorites qui seront plus souvent sollicitées. Ce  n’est pas toujours très agréable pour ces dernières car certains coqs peuvent être plus brutaux que d’autres, ou plus demandeurs, blesser ou épuiser les poules.
Il faut veiller à ça et les protéger si c’est le cas.
Pour éviter les blessures, on peut fabriquer ou acheter des « selles de protection » genre de selle posée sur le dos et passant sous les ailes, qui empêchent le coq de blesser la poule en s’agrippant à elle avec ses ergots. Certaines peuvent être vraiment dans des états déplorables, blessées gravement. Dans ce cas isoler les poules concernées le temps qu’elles se refassent une vraie santé est indispensable.

Au moment de l’accouplement, le coq ne pénètre pas la poule. Les testicules sont internes, à hauteur des reins, et il n’a pas de pénis, comme beaucoup d’oiseaux.
Les spermatozoïdes seront expulsés par le cloaque. Il y a donc ce qu’on appelle le « baiser cloacal » où les 2 cloaques sont maintenus l’un (mâle) sur l’autre (femelle) pour que les spermatozoïdes puissent s’y verser. Ils seront stockés dans l’oviducte de la poule et pourront féconder en une fois tous les ovules de la grappe en préparation. Si on est déjà dans une période où le blanc se forme autour de l’ovule, la fécondation sera impossible, c’est pour cette raison qu’il faut attendre plusieurs jours après la mise en place d’un coq pour trouver des œufs fécondés, et qu’à contrario, on peut en trouver parfois 3 semaines après son départ.

Côté séduction, Pollen, qui depuis 1 mois, s’affirme un peu plus chaque jour en tant que coq et dans sa sexualité  fait ses premiers pas avec quelques maladresses dues à son âge.
Ce n’est pas gagné avec tout le monde dans le petit poulailler.  Les anciennes ont tendance à préférer, et de loin,  leur tranquillité.
J’ai vu tout à l »heure Léontine en pleine mue et qui a autre chose à faire, mais qui vit un calvaire depuis  2 jours car il est tombé en pâmoison pour elle, traverser le jardin tout entier en courant droit devant, avec Pollen (et son coup de foudre) 20 cm derrière. Il y a cru un moment le pauvre, mais il a fini par abandonner, cette fois…. parce que les coqs sont têtus. Idem avec Philomène.
Les anciennes sont des vieilles filles aguerries et il leur en faut, pour l’instant,  un peu plus semble t’il qu’un cocorico tonitruant et 2 ou 3 battements d’ailes aux plumes magnifiques. En tous cas il va falloir qu’il affûte ses arguments….et il y arrivera.

Pollen, Brahma Fauve Herminé bleu 2018