Du changement dans le petit poulailler

Du changement dans le petit poulailler

Le petit poulailler habituellement assez serein a vu quelques bouleversements ces dernières semaines.

Pollen, magnifique coq en devenir a affirmé avec force son rôle de chef. Ses cocoricos ont accompagné son changement de posture. Pollen est devenu un super protecteur, tellement occupé à son rôle qu’il est devenu dominateur.
En quelques semaines j’ai vu les anciennes devenir craintives, s’alimenter quand il était hors de vue, Léontine épuisée par ses courses poursuite et du fait de sa pathologie du jabot, devenir prostrée et vraiment en très mauvais état, dès qu’elle était sous sa vue il la sollicitait, courir avec son jabot lui demandait trop d’efforts.
Un soir, Pollen lui a interdit l’accès au poulailler au moment du coucher (tu ne veux pas de moi..je ne veux pas de toi non plus…???). Elle traînait dehors alors que la nuit arrivait. Les autres semblaient couchées. Je l’ai donc prise pour la porter au poulailler. Il m’a regardée mais n’a rien dit. Il trônait sur son perchoir, accompagné de Nuage habituée depuis la naissance à sa présence, mais toutes les autres étaient tassées aux extrémités.
Première vraie interpellation pour moi face à son comportement.
Dentelle était restée sur le bord extérieur de la fenêtre, ne souhaitant plus rentrer au poulailler pour dormir. Je l’ai donc prise aussi pour  la mettre en sécurité à l’intérieur. Mais Dentelle n’aime pas être manipulée, alors elle a un peu ronchonné. Et là………….j’ai vu un œil se tourner vers moi avec un regard assez étrange, et tout à coup, Pollen est descendu du perchoir et m’a foncé dessus.

Une attaque en bonne et due forme. Dans ces cas là on se défend comme on peut, et même si ce n’est pas la meilleure solution, les coups de pieds pour mettre l’agresseur à distance sont les bienvenus. Quand j’arrêtais, il revenait à la charge…
J’ai gagné sur ce coup-là mais impossible de retourner dans le poulailler sans subir les assauts du protecteur.
Ca se profilait un peu depuis quelques temps où il venait parfois par derrière me piquer les chevilles, mais c’était gérable. Il était dans le test hiérarchique,et depuis ce jour, dans sa tête, n’étant pas une poule j’étais sans doute une (ou un) concurrent.

J’ai toujours été claire avec ça, pas de coq agressif chez moi. Donc ça devait passer ou bien des décisions devraient être prises.
Pollen ne semblait pas agressif mais ultra protecteur et dominant. Trop sans doute. Tout le monde était perturbé. Les Brahmas sont souvent des coqs tranquilles. Tous ceux que j’ai eus l’étaient, mais je ne les avais pas eus poussins. Visiblement Pollen avait du mal à trouver sa place…
Tout petit poussin, devenu grand, il lui semblait naturel de monter en haut des échelons hiérarchiques sans aucune exception, donc moi incluse.

J’ai contacté une “amie poulesque” qui m’a bien conseillée sur des solutions possibles. Entre autre le rassurer en le câlinant, et utiliser les fleurs de Bach qui peuvent marcher aussi.

J’ai tenté les deux. Le spray ne le rassurait pas, et anéantissait de fait l’idée des caresses. Etre dans mes bras n’était pas forcément un plaisir. Et devoir le maîtriser pour pouvoir ensuite le tranquilliser était une galère pour nous deux. J’avais le sentiment de mettre une claque à un gamin en lui ordonnant de venir me faire un bisou…. Ca aurait pu marcher mais ni lui ni moi n’y trouvions notre compte. Chacune de mes entrées au poulailler, dans SON domaine, était sujette à attaque.

Beaucoup de pensées, de réflexions, de culpabilité, de tristesse, de sensation d’échec. Le stress des poules est venu m’aider dans ma prise de décision. Pollen devait partir.

Par contre pas n’importe où. Il fallait lui trouver un endroit où il soit heureux, libre, et en capacité de vivre sa vie de coq n’ayant connu que le respect de sa nature profonde. Un lieu aussi, bien évidemment,  où il ne soit pas au menu d’un dimanche de fête….
Pas simple quand même. L’avantage de connaitre des passionnés est de pouvoir avoir des adresses d’intéressés, faire des échanges, placer des animaux.

J’ai donc contacté la personne qui m’avait procuré Nougatine et Eulalie, et je n’ai eu aucun mal à la persuader d’accueillir Pollen. Rendez-vous était pris pour ce lundi. Je ramènerais une poulette en contrepartie…

Ayant une date de départ, j’ai isolé le coq dans un enclos et la nuit il rentrait dans un espace sécurisé. Cette période de quelques jours a permis à tout le monde de s’apaiser un peu. Léontine s’est refait à nouveau une santé, la hiérarchie “d’avant” a repris son cours. La tranquillité est revenue, et moi je pouvais faire mes soins sans avoir une angoisse d’agression à gérer.
Entre temps j’ai pu récupérer une poulette Marans “bleu cuivré” chez une connaissance qui allège son élevage pour des raisons personnelles. Un  passionné de cette autre race, celle qui pond des œufs couleur chocolat dont la coquille peut frôler le marron/noir dans certains cas.  On les croise plutôt avec plumage noir cuivré mais le bleu cuivré est une autre déclinaison  officielle, plutôt jolie d’ailleurs. Leurs pattes sont légèrement emplumées et elles sont assez rustiques.
Je n’aime pas les intégrations d’une seule poule mais je savais qu’une autre arriverait juste quelques jours après elle. Et puis, j’en voulais une depuis longtemps, alors cette “occasion a fait le larron”. Sidonie est donc arrivée la semaine dernière. Son caractère et le moment troublé où elle est arrivée ont fait que son intégration s’est faite sans problème. Elle a su s’imposer sans force mais avec culot. Comme quoi…..

Sidonie Marans Bleu cuivré

Dimanche soir j’ai mis Pollen dans sa cage de transport pour l’emmener lundi matin. Je passerai les détails sur mon moral….oui j’ai même versé quelques larmes sur le départ de mon pépère Pollenou.
Mais bon….ainsi va la vie et je l’emmenai dans un lieu où il serait mieux en phase avec lui-même.  Et puis ma doctrine est qu’on a assez de gros soucis contre lesquels on ne peut rien, alors autant éviter de s’en créer soi-même.

Lundi, hop, en route avec mon gros pépère. On part sous la pluie. Mon moral est un peu assorti.

L’après midi je suis chez le “monsieur des Brahmas”. Pollen est sorti par lui et posé sur une cage, très beau, sans doute un peu ensuqué par cette journée inhabituelle, méconnaissable, se laissant caresser, toucher les barbillons en se faisant appeler “mon gros Coco” par le monsieur….  J’ai amené Mister coq et là on a Docteur Pollen .
D’un coup je doute, je regrette… si je pouvais le ramener…c’est un coq comme ça que je veux !!! Un gros Coco gentil, à qui on prend les barbillons sans se faire attaquer. Mais non, à la maison il y a juste le gros, mais pas le Coco….alors je me souviens des attaques de Pollen et je me dis que là, au vu du nombre de poulettes toutes fraîches qui se baladent, il pourra jouer du cocorico en trouvant des admiratrices.
Bien sûr il y a d’autres “gros Cocos” qui se promènent  aussi mais c’est tellement grand qu’il devrait arriver à s’intégrer sans trop de soucis, les autres cohabitent bien semble t’il.

Je laisse quelques consignes dont je me doute bien qu’une fois le dos tourné tout est toujours possible mais je veux parier sur la confiance, et l’homme a l’air amoureux de ses volailles….je compte sur l’amour.
Pendant que Pollen/gros Coco trône sur une cage sans broncher, docile……   on part à la recherche de la poulette qui viendra vivre à la maison. Beaucoup de jeunes Brahmas perdrix maillé doré,  mais j’ai en tête autre chose. Je voudrais une poule différente en couleur de celles que j’ai à la maison.
Une Brahma bien sûr, mais la seule qui me plait est trop vieille et il veut la garder, fauve herminé noir, à mon avis pour une production de fauves herminés ce sera super. Pollen va sans doute la croiser de près…  Justement parce qu’elle était sa version féminine, elle me plaisait bien. Pas de perdrix maillé argenté non plus ce qui m’aurait bien tentée.

Bon je fais quoi ? Il tombe des cordes et en plus j’ai le blues. “Venez voir, là j’en ai “ben” une qui est différente comme vous voulez” . Et là, au milieu d’un hangar, avec un coq fauve et à côté d’un coq blanc herminé noir magnifique, il y a une poulette issue de croisements blanc herminé  et fauve ou splash, je ne sais pas trop. Ils ont du s’y mettre à plusieurs coqs pour la faire !!!

Grande comme les blanc herminés savent l’être, une ado un peu dégingandée, un bec et une tête de Brahma, des pattes de Brahma, des doigts de Brahma mais un plumage à la couleur non identifiée qui la rend belle par son originalité. Elle sera hors concours. Ca tombe bien je n’en fais pas et ne fais pas de reproduction non plus. Allez ca sera elle !

ma nouvelle poulette 01 11 18

La poulette remplace Pollen dans la cage de transport,  je profite de son calme pour caresser mon coq une dernière fois en m’autorisant à demander des nouvelles dans quelques temps… et je repars.

Le retour à la maison se fait d’une façon assez sportive, il tombe des tonnes de neige.  Je l’attendais mais pas à ce stade. Je réussis à passer malgré tout et j’arrive à la maison où je dépose mon paquet dans le poulailler. Le lendemain j’ouvre à la belle, mais la neige étant très haute toutes les habitantes du petit poulailler ont décidé de rester au chaud sur les perchoirs, donc confrontation inévitable ! Après un accueil explicite par les anciennes concernant sa place dans le groupe, ma jeune poulette explore son nouvel environnement avec une Jacquotte qui est une des rares à sortir quand il neige.

Le soir elle rentre se coucher avec les autres.
Elle fait désormais partie de la maison et  s’appelle…..Neige !

Neige et Sidonie 30/10/18

 

Naissance de Pollen et Nuage, les poussins d’Eulalie.

Naissance de Pollen et Nuage, les poussins d’Eulalie.

Après avoir couvé pendant presqu’un mois et demi, (2 semaines dans le vide et 3 sur ses œufs) Eulalie y ayant mis tout son cœur de cocotte obstinée, est enfin arrivée la date tant attendue des éclosions !!!!!

Le 21 Mars au soir, ca faisait pile 21 jours que j’avais glissé les précieux œufs sous son gros ventre tout doux. Donc n’en pouvant plus, j’ai filé dans mon petit poulailler, essayer de soulever un peu Eulalie et voir s’il se passait quelque chose. Ca avait démarré !!!!! Wouahhh !!!! Quelle ponctualité !! Un petit piou était en train de commencer son dur travail de briser sa coquille. Les autres n’allaient sans doute pas tarder alors.

Un petit trou dans l’œuf, au niveau de la poche d’air pour prendre sa première respiration dans ce monde, ce qui comme pour tous les nouveaux nés est très douloureux, les sacs aériens se gonflant d’un coup (heureusement on oublie) oblige notre poussin à se remettre un peu du choc.
Un petit trou dans la coquille pour faire entrer l’air et pouvoir mener à bien le gros travail qui l’attend : la briser toute entière et pouvoir sortir.
Ce travail prend plusieurs heures au poussin qui en sort épuisé, ou qui parfois n’en sort pas vivant.

(Document filmé par une école, merci aux enseignants pour le partage utube).

Si on parle de sélection naturelle, ce qui est vrai en partie, en laissant les poussins se débrouiller seuls, on peut aussi aider si on voit que ca traîne vraiment ou que rien ne se passe : “foutu pour foutu”….. c’est ma devise. Contrairement à ce qu’on pense, pas mal de personnes arrivent à sauver des poussins qui deviendront de grands et beaux coqs ou poules, il “”suffit”” juste de s’y prendre correctement. Mais là ca venait de commencer donc on n’en était pas là.

En me couchant le soir j’ai pensé à ce poussin qui faisait tous ces efforts pour naître, et à la joie de le découvrir le lendemain.

Le lendemain, avant de partir au travail, en ouvrant aux autres cocottes, je n’ai pas pu résister et j’ai un peu soulevé le gros ventre d’Eulalie pour voir. Une coquille cassée en 2 ! Il est donc né ! Et j’ai vu un petit machin duveteux se précipiter dans les plumes maternelles. Je n’ai vu que l’arrière train et les pattes elles aussi pleines de duvet.
Les plus belles pattes pleines de duvet et le plus beau croupion de poussin que j’ai jamais vus !!! Oui je sais, je suis un peu gaga, mais c’est toujours un moment magique quand une vie, quelle qu’elle soit, commence.

Le 1er né file entre les pattes de maman. Le brêchage externe (petit trou) a commencé pour le 2e

Entre les pattes d’Eulalie, 2 autres œufs dont le travail semblait ne pas avoir commencé et un dernier avec le petit trou (le brêchage externe). Je devais partir et n’aurais pas été  là de la journée. Je ne voulais pas interférer mais je ne voulais pas non plus qu’il s’épuise. Pour l’avoir vu faire plusieurs fois, j’ai décidé de juste agrandir un peu (de quelques millimètres) et délicatement ce petit trou , derrière lequel je découvre un petit bec qui semble d’un coup mieux respirer. Je le replace sous la mère, il pourra surement finir le travail en ayant plus d’air. On verra ce soir…

J’y ai régulièrement pensé pendant la journée et je n’avais qu’une hâte : rentrer.
Quand je suis enfin revenue, bien évidemment je me suis précipitée voir ce que la journée avait réservé comme autres surprises.
2 œufs n’avaient toujours pas bougé….. mais celui de ce matin était ouvert.
En soulevant Eulalie, qui leur parlait mais qui grognait un peu, donc prudence quand même, j’ai alors pleinement découvert ses 2 magnifiques poussins ! On ne peut que craquer devant ces petites boules de duvet, ils sont tous ronds, tous doux. Le duvet aux pattes est bien sûr très présent, c’est un gène fort chez les Brahma.
J’ai pu les prendre rapidement pour les voir, mais le but n’est pas de stresser la mère, ni les petits. Je les ai donc vite remis en place.

Petit Brahma Bleu. Nuage

 

Petit Brahma fauve camail noir. Pollen

J’ai aussi récupéré les 2 autres œufs. Il y avait sans doute un problème.
J’ai décidé de les ouvrir délicatement pour voir s’il y avait une chance d’y trouver un poussin vivant. Le 1er semblait avoir stoppé son développement depuis plusieurs jours, donc pas la peine d’espérer quoi que ce soit le concernant. Le 2e quant à lui avait un poussin développé mais mal positionné et sans doute mort avant que le processus de la naissance ait commencé. Même si c’est un peu triste, c’est ainsi c’est la vie. 50% d’éclosions ce n’est pas rare, ca correspond même au pourcentage que j’ai souvent eu dans mes précédentes aventures poussinières. Je me cantonne donc à penser que 2 boules de plumes sont là et que, Eulalie et moi, on va tout faire pour qu’ils grandissent bien !!!

Piou planqué sous maman. On voit ses petites pattes et le duvet. En bas à droite un morceau de pattes emplumées de maman….. Va falloir manger plein de pâtées pour la rattraper ♥

A J+3 mes pioupious sortent plus souvent du dessous des ailes maternelles, tant de choses à découvrir ! Et maman Eulalie prend son rôle très au sérieux.
Elle leur montre comment manger, comment boire, les appelle pour qu’ils passent des petits obstacles (à l’échelle d’un poussin beaucoup de choses sont des obstacles) ou quand elle découvre un trésor culinaire.
Ils resteront protégés pendant quelques temps de l’extérieur et des prédateurs,  une petite extension grillagée du petit poulailler  leur permet déjà de profiter du soleil et pourra être sortie dans l’herbe en toute sécurité quand il fera un peu plus sec, et les premières intégrations en liberté, avec maman bien sûr, se feront en ma présence (chats pour qui ce ne sont que des moineaux au sol, buses, pies, et autres prédateurs, volontaires ou non, sont très présents, une vie de poussin c’est dangereux…, sans compter les réactions des autres cocottes toujours à surveiller malgré tout) .

Vidéo d’Eulalie montrant aux petits comment manger, picorer. 

 

Et après le repas, Nuage file se mettre au chaud sous maman qui finit tranquillement les restes du repas.

 

Hier j’ai assisté par hasard, en ouvrant les poulaillers, à quelque chose d’un peu “fou” et émouvant….. :

Toutes mes boules de plumes étaient en train de manger, je venais de les nourrir, quand Nougatine la copine Brahma d’Eulalie, et revenue en arrière voir d’où venaient les piaillements qu’on entendait (mes 2 poussins ont du coffre !). Elle est restée un moment a observer avec attention à travers le grillage les mouvements et des “pot pot pot” s’échangeaient entre elle et sa copine.
Ensuite elle est partie rejoindre les autres qui mangeaient un peu plus loin. Et là, au bout de quelques minutes, j’ai vu débouler, les unes derrière les autres mes cocottes venir voir elles aussi ce qui se passait derrière ce grillage, observer un moment, avec intensité, curiosité et en silence, puis repartir tranquillement se promener.
Le petit défilé a duré plusieurs minutes. Premières présentations, premiers regards entre tout ce petit monde. Il y avait quelque chose d’impressionnant dans cet espèce de rituel.

                    Je le redis, ces bestioles à plumes méritent vraiment d’être observées !